L’Espagne, moteur de l’emploi en Europe grâce aux travailleurs étrangers

CDI en Espagne

L’horizon de l’emploi en Espagne s’éclaircit, notamment grâce à la main d’œuvre latino-américaine. Mais l’ombre de la précarité plane toujours.

Photos : Clémentine Laurent

L’Espagne s’apprête pratiquement à inscrire son nom en lettres d’or dans l’histoire de la création d’emplois en Europe. Avec une prouesse singulière, le pays ibérique a donné vie à pas moins de 783 000 nouveaux postes en 2023, soit un tiers de l’ensemble des emplois qui ont vu le jour dans la zone euro. Un chiffre d’autant plus remarquable lorsque l’on considère que l’Espagne ne représente qu’une fraction modeste, soit 10%, du PIB du bloc européen.

Même s’il reste encore le double de la moyenne européenne, le taux de chômage en Espagne a également connu une baisse inattendue au cours du quatrième trimestre 2023, atteignant son niveau le plus bas depuis 2007, à 11,76 %, selon l’Institut national de la statistique (INE). Ces chiffres sont bien en-deçà des prévisions de la Banque centrale espagnole, qui anticipait une montée à 12,1 %. « Les données du marché du travail en 2023 démontrent la force et la résilience de la reprise de l’économie espagnole », s’est réjoui le ministre de l’Économie Carlos Cuerpo suite au rapport de l’INE.

La main d’œuvre latino-américaine booste l’emploi en Espagne

Derrière cette belle success story se cache une réalité plus riche et complexe : l’apport crucial des immigrés qui ont choisi l’Espagne comme terre d’accueil. En effet, ces derniers ont joué un rôle essentiel dans la dynamique économique du pays, occupant près de la moitié des nouveaux emplois créés l’année dernière. Et c’est une tendance qui ne fait que croître, avec six nouveaux travailleurs sur dix bénéficiant d’une double nationalité, témoignant ainsi de la richesse de la diversité culturelle et des talents variés apportés par les migrants.

En se penchant sur le profil de ces nouveaux arrivants, on constate que l’emploi en Espagne accueille en masse des Latino-Américains, venus de tous horizons, de l’Argentine au Mexique en passant par la Colombie et le Venezuela. Cette communauté, forte de ses liens linguistiques et culturels étroits avec son pays d’accueil, comble les lacunes en main-d’œuvre dans divers secteurs, tout en atténuant les effets du vieillissement démographique.

vol de portables à BarceloneOn note ici une évolution dans les emplois occupés : contrairement à la première vague d’immigration du début du XXIe siècle, axée principalement sur le secteur de la construction, les immigrants latino-américains ne se cantonnent plus aux emplois précaires et peu qualifiés. Bien au contraire, ils occupent désormais des postes intermédiaires voire hautement qualifiés, participant ainsi activement à la prospérité et à la diversification du marché du travail espagnol.

Le tableau de l’emploi en Espagne reste nuancé

Ce flot constant de main-d’œuvre jeune, flexible et souvent bien formée venu d’ailleurs offre à l’économie espagnole une bouffée d’air frais face aux défis du vieillissement démographique et de la transition numérique, notamment dans des secteurs clés comme l’hôtellerie.

Toutefois, malgré cette embellie sur le front du chômage, des fragilités persistent sur le marché de l’emploi en Espagne, à l’instar d’autres pays du sud de l’Europe. Les travailleurs se retrouvent souvent dans des situations précaires, jonglant avec des salaires dérisoires et des contrats temporaires. L’acceptation de ces conditions d’emploi fragiles semble être le prix à payer pour décrocher un poste. Les jeunes en particulier sont touchés par cette réalité, luttant sans relâche pour accéder à des emplois stables et décents.

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