Ernest Maragall : « les superillas de Barcelone sont de petits paradis qui génèrent de grands enfers »

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Ernest Maragall est le candidat de la gauche républicaine (ERC) à la mairie de Barcelone. L’homme a une longue carrière derrière lui : ancien ministre catalan de l’Éducation, des Affaires extérieures, c’est la deuxième fois qu’il brigue la mairie. En 2019, il était arrivé en tête de l’élection mais s’était vu ravir le siège de maire suite à une alliance post-électorale entre Ada Colau et Manuel Valls

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Xavier Trias a dit la semaine dernière que Barcelone était une ville de motos, êtes-vous d’accord avec lui ?

C’est une description partielle et insuffisante. Ce n’est pas la meilleure manière de décrire la ville. Barcelone est une ville de motos, de cyclistes et de bus. C’est une ville ouverte. Chaque jour, plus de 500.000 personnes viennent pour travailler à Barcelone et il faut maintenir la mobilité qui est essentielle au bon fonctionnement de la ville.

Est-ce qu’il faut réserver un couloir pour les motos, comme le demandent les associations ?

Il faut un modèle global et non ponctuel comme c’est le cas actuellement. Pas seulement dans l’Eixample. Il faut un couloir pour les trottinettes électriques et les vélos mais sur une base différente avec une meilleure signalisation et un meilleur réseau.

Paris a limité la circulation à 30 km/heure dans toute la ville, est-ce une mesure à importer à Barcelone ?

Il faut électriser les voitures et les motos progressivement, en réduire le nombre. Les 30km/heure, pourquoi pas. Mais on peut flexibiliser la limitation selon les horaires et l’intensité de l’usage de la voie publique. Pour les alentours des écoles, on pourrait garder les 30 km/heure entre 8h et 10h du matin par exemple.

Arrêterez-vous la construction des superillas en cours ?

Interrompre des travaux en cours serait irresponsable. En revanche il faudra étudier les futurs projets en attente. Il faut changer le modèle. Avec les superillas, il y a des effets intenses dans certaines rues et des conséquences négatives dans les rues adjacentes. Les « superillas » de Barcelone sont des petits paradis mais qui génèrent de grands enfers. Il faut faire le point également sur leurs retombées économiques.

Par exemple dans la rue d’Enric Granados, par l’absence de gouvernance claire, une zone piétonne est devenue une rue de la soif où les riverains n’ont pas le droit au repos.

Vous êtes favorable au développement de l’aéroport du Prat, mais pour attirer quelles compagnies ? Barcelone est déjà une des villes européennes accueillant le plus de compagnies low-cost, or si l’on veut un tourisme de meilleure qualité, le low-cost n’est peut-être pas le meilleur moyen pour y arriver.

Dit comme ça, non. Mais c’est l’Espagne via Aena qui gère les lignes et les donnent aux compagnies low-cost. Mais Barcelone et la Catalogne ne se résignent pas. Nous ferons comme ce que nous avons fait l’an dernier : nous avons refusé le projet d’agrandissement d’Aena qui était désastreux pour l’environnement. Nous voulons des lignes intercontinentales, pas du low-cost.

Comment amplifier l’offre culturelle de Barcelone pour un meilleur tourisme, êtes-vous pour l’ouverture d’un nouveau musée ou un grand festival de musique classique par exemple ?

Barcelone doit se mettre en valeur, abandonnant la quantité pour la qualité. Je ne parlerai pas seulement d’un nouveau musée mais d’un nouveau climat culturel. Nous proposons de récupérer des édifices vides, propriétés de l’État, pour ouvrir des locaux à but culturel.

A qui la faute s’il y a de mauvais touristes à Barcelone, Ada Colau ou Xavier Trias ?

Je crois que la responsabilité est du dernier maire socialiste de Barcelone Jordi Hereu et bien sûr de Xavier Trias.

Est-ce que vous allez faire comme Ada Colau et ne plus donner de licences pour de nouveaux appartements touristiques ? 

Interdire pour interdire n’est pas une bonne philosophie. Il faut faire un bilan pour connaitre le nombre d’appartements touristiques existant à Barcelone et proposer une solution flexible. Attention aussi à ne pas dire que l’on ne veut que du tourisme de qualité à Barcelone qui signifierait : nous ne voulons que des riches.

Comment régler le problème de l’insécurité à Barcelone ?

Il faut plus de présence des forces de l’ordre. Mais on peut en augmenter le nombre à l’infini, on ne réglera pas le problème de la délinquance. Il faut aussi réformer la justice.

Vous avez gagné les élections en 2019, mais après une manœuvre de Manuel Valls, vous n’avez pas été maire. Comment voyez-vous la soirée électorale de mai 2023 ? 

La course est plus serrée qu’en 2019. Nous sommes dans une course à 4. Celui qui arrivera en tête a de bonnes chances de remporter la mairie dans le cadre des alliances. Ce qui est sûr, c’est que la période d’Ada Colau est terminée. Mon projet pour Barcelone, j’espère, me permettra d’arriver en tête.

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