[RÉSULTATS BARCELONE] La chute de l’icône Ada Colau

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La maison Ada Colau a fini par s’écrouler sous le poids du lourd bilan de la maire sortante. Avec 20,73% des voix, Ada Colau a été vaincue de peu par l’indépendantiste de gauche Ernest Maragall qui s’installera avec 21,35% des voix dans le siège de la plaça Sant Jaume. 

Après sa percée de 2015 aussi inattendue que soudaine, « l’indignée » Ada Colau doit quitter la mairie. Un des plus gros points noirs du mandat a été la sécurité. Pour la première fois, l’insécurité est devenue la préoccupation majeure des Barcelonais selon le baromètre municipal paru en début d’année. Ada Colau partage la responsabilité de la dégradation du climat avec le gouvernement de Catalogne, les Mossos d’Esquadra étant une compétence exclusive de la Generalitat.

En revanche, les 3000 agents de la Guardia Urbana, la police municipale de Barcelone, sont sous la direction directe du conseil municipal. “On voudrait que la mairie nous fasse confiance” confie à Equinox Valentín Anadón, porte-parole du syndicat majoritaire de la police municipale. Le consistoire intervient souvent dans les différentes opérations de police municipale toujours dans un esprit de laxisme, s’agace le syndicaliste.

Le mandat d’Ada Colau a commencé en 2015 avec un message de relâchement dans la lutte contre les Top-Mantas, ces vendeurs à la sauvette qui envahissent les rues de la capitale catalane pour vendre des objets de contrefaçon. La police a été invitée à une certaine tolérance par les nouveaux chefs de la gauche radicale de la mairie. Le mandat de Colau s’achève avec l’annonce de la dissolution de la brigade anti-émeutes de la Guardia Urbana. Le corps d’élite de la police barcelonaise qui avait sécurisé la Rambla et pourchassé les terroristes dans le marché de la Boqueria le 17 août 2017.

La gestion des “narco-pisos”, ces appartements, principalement situés dans le Raval, transformés en supermarchés d’héroïne, a achevé de ruiner le bilan des années Colau en matière de sécurité. Frappé par la crise économique et immobilière, le Raval entre 2015 et 2017, s’est vidé de ses habitants qui en ont été expulsés par les banques car ne pouvant plus payer leurs hypothèques. Des centaines d’appartements inoccupés qui ont été pris d’assaut par des mafias afin de les transformer en salles de shoot, drainant avec eux une vague de criminalité dans le secteur. Les équipes Colau ont regardé passivement et dubitativement le phénomène préférant accuser la Generalitat, les banques et les agences immobilières, que d’agir avec les ressources policières et juridiques dont dispose la mairie.

Logement

Ada Colau est devenue un personnage médiatique en tant que porte-parole de l’association pour le droit à l’habitat (PAH), c’est dire si en la matière les attentes étaient hautes une fois Colau devenue maire. Le bilan est mitigé. C’est la crise économique et sa vague d’expulsion locative qui ont ouvert en grande partie les portes de la Mairie à Ada Colau en 2015. La candidate n’avait alors pas de mots assez durs contre le maire centriste Xavier Trias accusé par Colau de laisser à l’abandon  80.000 appartements vides dans la capitale catalane. Pour régler le problème du logement la candidate Ada promettait 4000 logements sociaux. Loin du compte, la maire Colau n’en construira que 800.

Ada Colau perd la mairie de Barcelone

En revanche , elle a réussi à appliquer deux mesures phares. Le conseil municipal a lancé l’entreprise publique-privée qui doit construire des logements locatifs à Barcelone et contraint les promoteurs à affecter 30% des nouvelles promotions à des logements sociaux.

Dans son plan 2016-2025, la municipalité a également prévu la création de 18.500 logements sociaux pour arriver à un total de 30.000, soit 4% du parc immobilier. On est encore loin des 18% de logements sociaux existant à Paris.

Si elle n’a pas réussi à totalement endiguer le fléau des appartements touristiques, qui en plus des nuisances générées pour le voisinage, réduit drastiquement l’offre locative dans certains quartiers, c’est la seconde mesure phare d’Ada Colau qui a mis un coup d’arrêt à la location sauvage et sans licence. Elle a obtenu de plusieurs plate-formes qu’elles retirent les annonces non légales et les inspections régulières ont permis la fermeture de plusieurs centaines d’appartements touristiques non déclarés. Les particuliers qui louent leur logement aux touristes sans licence sont désormais passibles d’une amende de 60.000 euros.

Sectarisme politique

Politiquement, le sectarisme d’Ada Colau l’a isolée. Son propre parti de gauche radicale a explosé pendant le mandat. Les poids lourds de Colau, le premier et second adjoint Gerardo Pisarello et Jaume Assens ont quitté l’équipe municipale pour devenir députés à Madrid. La figure montante de Barcelona en Comu, Elisenda Alamany, a claqué la porte du parti pour rejoindre Ernest Maragall qui a gagné l’élection.

Au-delà de son cercle, Colau gouvernant la ville en minorité avec 11 conseillers durant 4 ans, la mairesse n’a réussi à passer aucune alliance avec les 18 conseillers indépendantistes de gauche, de droite et d’extrême-gauche qui ont formé une majorité dans l’opposition. Naturellement les 8 conseillers de droite se sont opposés tout le mandat. Seule une alliance a été brièvement passée pendant quelques mois avec les socialistes avant d’exploser suite à la déclaration d’indépendance de la Catalogne et de la suspension du gouvernement catalan. D’ailleurs sur le sujet indépendantiste, en 48 mois, Colau n’a jamais été claire sur la question. Les relations avec la Generalitat ont par conséquent été très fraîches ces quatre dernières années.

Grâce au système électoral espagnol, le parti politique d’Ada Colau va garder une influence relative dans l’espace politique barcelonais. Gagnant l’élection avec seulement 10 conseillers sur les 41 du consistoire, Ernest Maragall devra mettre en branle une coalition pour gouverner. Le futur maire de Barcelone va converser dès ce lundi avec les socialistes, les indépendantistes de droite, et Barcelona en Comu, avec ou sans Ada Colau.

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medecin français à Barcelone